après quelque festival... grosse entré en cd
et l'été n'est pas encore fini !
L’ardeur avec laquelle Jack White s’attache à défendre une certaine idée du rock’n’roll est proprement surprenante. Pour l’art il y a son jeu de guitare pétri au blues traditionnel et au garage rock, sa voix furieuse et éraillée de chat de gouttière. Pour la manière il y a ce refus total de la compromission, les titres immortalisés en analogique, le mystère entretenu autour de la relation Jack & Meg, les trois millions d’Elephant vendus en trois mois…Aujourd’hui le mystère a été levé, les trois millions ont grimpé à quatre et le duo a atteint un niveau envié qui lui permet d’imposer ses choix. Jack White fait du White Stripes et une fois encore le son nous cloue au mur. Pas un poil de reverb dans ce disque ; des riffs poisseux comme les marais de la Nouvelle-Orléans, le gros son signé Jack White et toujours pas un poil de basse non plus. Facultatif, voire inutile. « Icky Thump » ouvre l’album avec autant de classe que « Seven Nation Army » en 2003 sur Elephant. Riff huileux et entêtant. Comme « You Don’t Know What Love Is », qu’on croirait pour partie tiré du Ziggy Stardust de Bowie, comme l’hendrixien « Bone Broke », « Little Cream Soda » où la pesanteur du blues rencontrant l’urgence d’un rock s’approchant dangeureusement du hardcore.
Pour donner une assise à ces assauts de six cordes il y a les épaules jolies et pourtant solides de Meg White. Son jeu de batterie binaire voire simpliste convient à merveille à la personnalité débridée de son homonyme masculin, un tempo cardiaque sans relâche qui met en relief les solos fiévreux du grand gaillard anglais, ces brèves poussées de fièvre où les doigts s’envolent vers les plus hautes cases du manche et se terminent en crachements suraigüs – « Icky Thump », « MPH », la slide tranchante comme une bouteille de bière brisée sur « Catch Hell Blues » -. Comme si tout cela ne suffisait pas, « Conquest » est un morceau théâtral et inclassable affublé de trompettes mariachi, de breaks tango sur fond d’accords de flamenco over-saturés, un blues rock tarantinesque et jouissif. Comme une séquelle de la collaboration avec Brendan Benson l’année dernière, on trouve « A Martyr For My Love For You », plus pop sur les couplets, voire popisant avec le jeu frusciantesque. Le chant est d’ailleurs ici très différent, plus proche d’un Anthony Kiedis que d’un Robert Plant ! Mais sur le refrain on pénètre à nouveau en terrain connu avec un blues rock zeppelinien traditionnel.
The White Stripes pérénisent leur talent, étonnent parfois, mais surtout délaissent les marimbas et les claviers du dernier album pour revenir aux affaires sérieuses. Leurs fans ne s’en plaidront sûrement pas. On parie qu’ils vont nous le refaire, le coup des trois millions ?
1. Icky Thump
2. You Don'T Know What Love Is (You Just Do As You'Re Told)
3. 300 M.P.H. Torrential Outpoor Blues
4. Conquest
5. Bone Broke
6. Prickly Thorn, But Sweetly Worn
7. St Andrew (This Battle Is In The Air)
8. Little Cream Soda
9. Rag And Bone
10. I'M Slowly Turning Into You
11. A Martyr For My Love For You
12. Catch Hell Blues
13. Effect And Cause
site -> http://www.whitestripes.com/
MYSPACE MUSIC -> http://www.myspace.com/thewhitestripes